8.1.10

__ le papier qui parle__




Collection de 60 oeuvres originales sur papier de Eileen Gray

La Galerie Historismus est fière de présenter une importante et rare collection de soixante oeuvres originales sur papier par Eileen Gray (Enniscothy, Irlande 1878 - Paris, 1976). Cette collection comprend des gouaches, collages et des photographies ; jamais exposée, elle couvre une période allant de 1918 aux années 1950. Gray les a offertes à Peter Adam, son ami, biographe et auteur d’un ouvrage sur son oeuvre intitulé, "Eileen Gray Architecture et Design", à paraître prochainement.
(...) La non-figuration chez Gray naquit de son premier contact avec l’oeuvre de Gerrit Rietveld, l’architecte et designer novateur hollandais, qui devint son idole artistique. Dès ce moment, elle renia son travail précédent, dérivé du cubisme (une sorte d’abstraction qui avait été explorée dans la peinture et la sculpture au moins dix ans plus tôt), et qu’elle décrivit comme celui d’un "décorateur parisien" obsédé par l’emploi de matériaux précieux, plutôt que par l’aspect formel de l’art. Elle dénonça dès lors, les "monstruosités de l’Art Déco" (…)

Dans sa période post-Rietveld, Gray photographia pratiquement toute son oeuvre de design. Cependant, ses photographies n’étaient pas un simple souvenir de sa création : elles étaient des compositions constructivistes soigneusement voulues, s’agissant parfois d’objets quotidiens, que Peter Adam appelle tablescapes. Influencée par Man Ray et par André Kertész, elle photographia aussi des paysages domestiques et industriels. Ces photos sont au moins aussi rares que les dessins.

La Galerie Historismus espère que cette exposition, Eileen Gray : Une importante collection de 60 oeuvre origianles sur papier, fasse connaître un ensemble important et peu connu de l’oeuvre de Gray, extérieur à l’Art Déco mais dans le grand courant du Modernisme.
__ Roberto Polo, Directeur artistiqueInfluence Bahaus et suprématiste oblige, luxe, calme et volupté se dégagent de cette série de photographies d’Eileen Gray. De ses "tablescapes", il y a une réminiscence du travail qu’elle effectua, encore étudiante, auprès du laqueur japonais Sugawara.

D’un ruban de cadeau, posé sur le rebord d’une coupelle transparente, comme une boucle de cheveux, notre artiste, semble, ici, vouloir garder une âme d’enfant. Salvador Dali aurait-il eu connaissance de cette photo et y aurait-il pensé en créant ses propres formes molles ?

Sensualité "des feux célestes" qui habite les artistes, les condamnant à réussir, sauf pour ceux qui savent être en phase avec leur époque, ce qui fut le cas d’Eileen Gray, et se rapprocher de ce que Rimbaud suggérait être absolument moderne- à l’exemple : ce théâtre d’ombres portées et mélange de culture, cette image nous laisse entrevoir et deviner les véritables "mobiles" ou "motivations" de Calder.

Une construction, dont il nous faudrait situer l’endroit, avoir l’impression, la possibilité de voyager dans le temps et d’assister à la naissance de l’Acropole, d’où d’ailleurs serait issu, entre autre, ce torse photographié. Parfois, médicalement composée… captant le silence et pour nous inciter à voir toujours au plus près… "une loupe"…

D’un tronc d’arbre échoué, aux formes féminines et sensibles, l’œil, sans lequel l’appareil de photo ne serait d’aucune utilité, apercevoir d’une excroissance, masse informe… semblant venir de nulle part, d’une autre planète, agrippée, accrochée amoureusement, sculpture à l’état brut du Radeau de la méduse, figée… d’un animal hybride… qui nous regarde avec des yeux pétillants de surprise, de timidité, de tendresse, comme étonné de le démasquer ; le gêner même, mais quelque part, "enfin" de l’avoir remarqué, lui redonnant vie et "supplément d’âme"

Ecouter ce qui s’écoule. Se perdre dans le temps et se remémorer le nom du premier espace qu’Eileen Gray ouvrit à Paris en 1922, Jean Désert, nom fictif, tout en y faisant référence à un voyage effectué, endroit où l’on prend conscience de l’image du silence.
__ Serge Aboukrat, Paris, le 20 octobre 2007